Eva Sadoun

Eva Sadoun

Parce que ces personnalités et leurs initiatives nous réjouissent et nous inspirent, nous souhaitons les partager et relayer leurs mots, travaux, parcours.

 

Contribuer à bâtir une société plus juste et plus égalitaire à travers la finance 

 

Ce monde opaque, qui finance massivement des industries néfastes du point de vue de leur impact pour l’ensemble de l’humanité, doit changer et doit être révélé au grand public. Eva Sadoun se lance dans cette aventure entrepreneuriale hors du commun alors qu’elle est encore étudiante à l’EM Lyon.

 

Militante et autrice, Eva Sadoun a fondé deux entreprises financières et engagées.

 

La première* est une plateforme de financement. 
Pour reprendre ses termes**, elle « réinvente la tontine » en permettant aux citoyens de financer l’économie réelle ; leur épargne servira au développement d’entreprises saines triées sur le volet.
La seconde*** est une base de données qui recense TOUT ce que notre argent en banque finance. Pour la plupart des produits bancaires de chaque banque française, cette entreprise a effectué un travail de recherches de données colossal, et vous indique ce que finance votre argent actuellement présent sur votre livret A ou sur votre compte bancaire par exemple. Cette application est vertueuse car une fois la couleur annoncée, elle vous présente les alternatives qui existent afin que votre argent finance des secteurs qui vous tiennent à coeur.

C’est avec un travail sans relâche et de profondes convictions de justices sociales et climatiques qu’Eva Sadoun a crée ses entreprises à fort impact sociétal, et qu’elle entame la redistribution des cartes bancaires et financières.

 

Nous attendons avec impatiente son arrivée en Suisse !

** « réinventer la tontine » mentionné dans cette émission : https://www.thinkerview.com/eva-sadoun-marches-financiers-sans-ethique-quels-sont-les-risques/
Vandana Shiva

Vandana Shiva

Parce que ces personnalités et leurs initiatives nous réjouissent et nous inspirent, nous souhaitons les partager et relayer leurs mots, travaux, parcours.

Créer des banques de graines en Inde pour lutter contre l’invasion OGM et la monoculture dans les années 70

1952, nord de l’Inde

Vandana Shiva naît dans une famille engagée et proche de la nature. Son père est garde forestier et lui fera découvrir la beauté et l’utilité des forêts ; sa mère est fermière et la sensibilisera à l’agriculture et à l’importance de l’alimentation.
 
Admiratrice d’Albert Einstein, elle se lance dans des études de physique quantique en Inde, puis dans un doctorat de philosophie des sciences au Canada. Elle devient au même moment militante au sein du mouvement indien Chipko.
Fraichement diplômée, elle décroche un emploi au sein du ministère de l’environnement en Inde.
 
1987, dans la région des Alpes en France
 
Elle assiste à une réunion regroupant plusieurs acteurs du secteur agroalimentaire, et apprend qu’un oligopole agrochimique est en cours de création.
L’objectif de ce regroupement est catastrophique puisqu’il vise à « breveter le vivant » : déposséder les paysans de leurs graines, vieilles de plusieurs millénaires, puis les breveter pour leur vendre ! 
Vandana Shiva prend conscience de l’ampleur des dégâts à venir.
Suite à cette réunion, elle se lancera corps et âme dans le combat d’une vie.
 
Militante, Entrepreneure, Lobbyiste
 
Elle commence par sillonner l’Inde pour rencontrer les fermiers, les informer de la dépossession/privatisation des graines à venir et collecter le maximum de semences paysannes afin de créer des banques de graines.
 
Elle crée en 1991 l’ONG Navdanya*, qui démarre par ce challenge : créer une ferme agricole sur des sols devenus infertiles depuis plusieurs années.
Challenge réussi haut la main.
 
Aujourd’hui, Navdanya a beaucoup grandit et définit sa mission de la façon suivante « protéger la nature et les droits des personnes au savoir, à la biodiversité, à l’eau et à la nourriture ».
Cette organisation accompagne toutes les communautés dans leurs souverainetés alimentaire, semencière et hydrique. « Paix, harmonie, justice et durabilité » sont au coeur de la mission de Navdanya, qui conserve et renouvelle au travers de ses 150 banques de graines, les semences paysannes traditionnelles, qui font partie intégrante du bien commun.
Navdanya oeuvre également à l’amélioration du bien-être des petits paysans marginalisés, et se donne pour autre mission de créer des économies vertueuses et démocratiques, composées de producteurs, de consommateurs et de partenariats conscients et bienveillants.
Navdanya met les femmes à l’honneur en raison de leur grande présence dans les champs indiens, ainsi que les enfants, garants du futur, en les sensibilisant à la culture du goût et à la nutrition.
 
Parallèlement à cela, nombre de fermiers la sollicitent lors de situations injustes et dramatiques, dans le monde entier, afin d’être accompagnés dans leur combats juridiques. Elle parviendra a gagner plusieurs fois lors d’affaires intentées contre Monsanto et autres entreprises néfastes. Elle démontre que les géants de l’agroalimentaire détruisent la nature et la santé des humains par l’expansion alarmante des pesticides.
Scientifique et agricultrice, ayant par le passé travaillé pour le gouvernement, Vandana Shiva a joué un rôle important dans la rédaction de lois sur les brevets auprès du parlement indien.
 
Elle alerte** toutefois au sujet de 4 cultures majeures dont les semences paysannes naturelles n’ont pas pu être sauvegardées : le maïs, le blé, le colza et le soja…
 

Vandana Shiva est l’autrice de nombreux ouvrages sur sa vision transverse et ses sujets de prédilection – agriculture, biodiversité, alimentation, démocratie, souveraineté alimentaire, écoféminisme.
 
Animée par sa conscience à l’égard de la nature et par l’essence même de la vie sur terre – la biodiversité et l’alimentation – Vandana Shiva consacre chaque journée de son existence à agir pour la justice sociale et environnementale. En alliant militantisme et actions concrètes par la création d’alternatives vertueuses, Vandana Shiva incarne l’espoir de voir de nouveaux modes sociétaux émerger.
 
Nous vous recommandons la lecture de son interview par Lionel Astuc, dans son livre intitulé Pour une désobéissance créatrice.
    
** Vandana Shiva, FIFDH, Société de Lecture, Genève, Mars 2023
L’écoféminisme ?

L’écoféminisme ?

L’écoféminisme ?
Il s’agit d’un mouvement alternatif né de l’analyse des similarités entre les violences subies par les femmes et les violences exercées sur la nature.
L‘écoféminisme s’inscrit dans une volonté de réflexions multiples et de démarches indispensables pour déconstruire et repenser nos systèmes politiques et économiques actuels, pour apporter une justice sociale et environnementale.
Les convergences entre les luttes antiracistes et anticolonialistes, féministes et écologiques, ont fait émerger de nouveaux modes de vies, de philosophies et d’actions quotidiennes concrètes, un peu partout dans le monde.
 
Des écoféminismes ! 
Parce que ce mouvement est né en simultané dans différents pays, différentes cultures, différents contextes, et parce qu’il est ouvert, éclectique, il convient de parler d’écoféminismes au pluriel.
Il induit de repenser notre rapport à la terre, nos rapports entre humains, et nos rapports à la consommation, soit le socle de ce qui peut être imaginé comme une arborescence aux contours mouvants, laissant ainsi la place à chacun d’écrire son histoire…
 
 

Partagez avec nous vos avis sur la question de l’écoféminisme, vos suggestions de lectures ou de vidéos, vos initiatives.

Questionnez-nous!

Françoise d’Eaubonne

Françoise d’Eaubonne

Françoise d’Eaubonne (1920-2005) est une femme de lettre française et militante, autrice d’une oeuvre immense et variée (poèmes, essais, science-fiction…).

Engagée depuis son plus jeune âge, dans la résistance lors de la seconde guerre puis au sein du parti communiste, elle quitte ce dernier pour se rallier à la cause des femmes. Elle s’implique ensuite au sein du Mouvement de libération des Femmes (MLF) puis du Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar).

Par son implication militante, ses recherches et analyses, elle développe une pensée « écoféministe ». L’origine de ce terme, apparu en 1974 en France, lui est largement attribué. Elle cite dans l’une de ses oeuvres clé*, Le Féminisme ou la mort, Slulamith Firestone et son ouvrage La dialéctique du sexe, dans lequel cette dernière fait référence au « contenu écologique du féminisme ».

Françoise d’Eaubonne fonde le groupe « Écologie-féminisme » au sein du Front Féministe, dont l’essence est de réfléchir à l’instauration d’une société libératrice et libre de rapport de pouvoirs, au féminin (comprendre égalitaire) et respectueuse de nos ressources naturelles.

A travers ses écrits, elle détaille son analyse matérialiste et historique du patriarcat, et développe sa pensée écoféministe dans le but de sortir de cette oppression et offrir des perspectives égalitaires et durables.

Pour elle, le capitalisme n’est que le stade ultime du patriarcat, ce dernier s’étant forgé du temps des Amazones, soit environ 3000 ans avant JC.
Elle explique qu’à cette époque, les femmes étaient en charge de l’agriculture, et se sont vues dépossédées de cette mission lorsque les hommes ont appris que leur fécondité personnelle n’avait rien de divin, mais était biologique. Leur « pouvoir » de fécondité, sur la terre et pour la reproduction humaine, s’est vu désacralisé, ce qui a marqué le début de cette double dépossession pour les femmes.

Elle analyse l’évolution du patriarcat et de l’ère industrielle, début du capitalisme, combo ayant conduit à une démographie exponentielle (elle a vécu à une période au cours de laquelle la population mondiale est passée de 3 à 6 milliards d’êtres humains en 30 ans) couplée à la destruction de la nature par sa surexploitation et la pollution massive généralisée.

Dans son oeuvre précédemment citée le Féminisme ou la mort, Françoise d’Eaubonne s’attèle particulièrement à l’analyse de l’évolution de la démographie au cours des derniers siècles, puis pays par pays au cours des dernières décennies, avec le grand dénominateur commun : l’avortement et son interdiction. Elle explique en quoi le corps des femmes ne leur appartient pas, et fait de multiples parallèles statistiques entre démographie et pollution, accroissement du mal-être et surexploitation des ressources.
Elle évoque de façon plus globale la sexualité « non-reproductive » en faisant également le lien avec l’homosexualité, réprimée pour les hommes et opprimée pour les femmes.

Guidée par ce parallèle capitalisme/patriarcat – surexploitation de la nature/asservissement des femmes, soit la surpopulation et la destruction des ressources, les 2 menaces immédiates qui pèsent sur l’humanité, elle propose des pistes concrètes pour une gestion égalitaire d’un monde à renaître.

Pour ce « monde à renaître », Françoise d’Eaubonne militait pour une décroissance, qui par une consommation réduite entrainerait une diminution de la production, et donc une préservation de nos ressources naturelles. Timothée Parriques, économiste émérite et convaincu par cette issue, la cite d’ailleurs dans son récent ouvrage**, parmi de nombreux autres économistes ayant développé des théories similaires un peu partout dans le monde.

*Le féminisme ou la mort, Françoise d’Eaubonne, 1974. Nous vous le conseillons dans l’édition Le passager clandestin, car il est préfacé par Myriam Bahaffou et Julie Gorecki, qui offrent une belle entrée en matière et apportent notamment un regard objectif sur le « pan manquant » : le lien entre le colonialisme et ce mouvement.

** Ralentir ou périr, Timothée Parriques, 2023.